Françoise Hecquard, conservateur de bibliothèque, formatrice et consultante en management de la lecture publique
Le bibliothécaire a toujours été un familier du Savoir avec un grand « S ». A une époque lointaine, il en était même le gardien. A l’heure actuelle encore, ses origines socioculturelles ont souvent continué de le prédestiner et ses formations universitaire et professionnelle de le préparer à un rapport précautionneux avec l’accès à la connaissance. En tant que possesseur d’une certaine expertise et responsable de la constitution de collections, il s’est donc facilement posé en prescripteur, en professeur. Dans son rôle de conservateur de documents parfois précieux, il a même pu faire barrage à ceux qui auraient voulu accéder sans son aide.
Aujourd’hui, les bibliothèques se transforment, l’usager se place dorénavant au centre des préoccupations. Le rôle de médiateur du bibliothécaire est de nos jours considéré comme une évidence et largement mis en avant dans tous les discours professionnels de ces dernières années. Pour autant, le public auquel les bibliothèques ont affaire n’est plus prêt à se laisser mener passivement sur un chemin d’accès au savoir pré-choisi et pré-balisé. Le besoin est là, la demande s’exprime mais la réponse doit s’adapter pour être pertinente, sous peine d’être rejetée. Alors que veut dire être médiateur du savoir sans prétendre à la prescription ? Qu’est-ce qu’un positionnement d’accompagnant plutôt que d’enseignant ? Comment ne pas, malgré soi, empêcher l’accès aux connaissances ? Quels moyens et compétences faut-il se donner pour assumer ce rôle ? Car qu’est-ce au fond que former des adultes ?