Dominique Lahary, directeur de la bibliothèque départementale du Val d'Oise

Compte-rendu des étudiants de l’IUT de Tours Infocom – Option Gido

Pour débuter cette journée, Dominique Lahary a défini, ce qu’est une bibliothèque virtuelle.

Il a déroulé son raisonnement en quatre points :

Bibliothèque(s) numérique(s)
La fabrique de la rareté
Le service numérique
Bibliothèque(s) virtuelle(s)

La bibliothèque numérique est avant tout une bibliothèque, c’est-à-dire une collection organisée de livres, un fonds documentaire qui a aussi pour fonction de répondre aux besoins des usagers. Le numérique est un support. C’est donc une collection organisée de documents numériques. Mais le numérique change la notion d’unité bibliographique car il n’y a plus le début et la fin, du livre et de la bibliothèque. Ce n’est pas un document, mais seulement une image de celui-ci qui s’affiche sur notre écran.
Quand le numérique explose l’unité des bibliothèques, on se retrouve vite face aux « numériquothèques », qui ne présente ni début ni fin. Dominique Lahary a décrit ce phénomène de « soupe aux grumeaux ».
Sur Internet, il y a des bibliothèques, mais peu d’internautes les connaissent et y vont spontanément. La plupart y entre par le biais d’un moteur de recherche. Dominique Lahary a appelé cela « rentrer par la fenêtre et pas par la grande porte ». C’est-à-dire qu’ils n’ont pas écrit l’URL dans la barre d’adresse et qu’ils ne sont pas arrivés sur la page d’accueil. La recherche est effectuée selon des mots clef qui ne mène pas forcément sur le portail d’accueil de la bibliothèque numérique.

Il a précisé que chaque bibliothèque peut proposer un accès sur place et à distance à la liste des documents qu’elle prête, ou à d’autres informations la concernant.

Il a également posé la question de l’organisation sur Internet. En effet il y a tellement de documents et d’informations qu’il est difficile de s’y retrouver clairement sans éviter « le bruit » ou même le « silence » documentaire. L’organisation est alors effectuée par l’industrie de l’accès, donc les moteurs de recherche et les portails. L’ensemble des bibliothèques en nuages (les bibliothèques d’Internet) et les bibliothèques locales forment la bibliothèque globale. Chacune est importante et fait partie d’un tout.

La gestion des différentes productions liées au site Internet peut ensuite être gérée par un certain nombre d’outils. Aujourd’hui, comme le souligne Dominique Lahary, les wikis et les blogs s’imposent sur le net de manière croissante puisqu’ils présentent de nombreux avantages dans leurs fonctionnalités notamment dans le fait que les informations peuvent être modifiées ou produites par les internautes. Ces supports numériques sont gérés par les CMS (Content Management System). Ces sites d’information parallèle où « l’industrie des commentaires » et le « partage des ressources » sont les maîtres mots ont été transféré dans un web parallèle et associé au web d’origine : le web 2.0. Il est vrai que l’on pourrait croire que ces ensembles représentent « un bordel monstre », mais les gens s’y retrouvent. Le métier qui nous concerne est d’essayer de maîtriser ce nouveau monde ici décrit.

En parlant de la rareté, Dominique Lahary nous rappelle que beaucoup de choses autour de nous sont rares. Les réserves d’énergie, l’agriculture et l’eau en font partie. Il démontre par là que l’économie est la gestion de la rareté. En effet, si une chose est rare, son prix augmentera, il y aura donc moins d’acheteurs.
Une bibliothèque est quelque chose de rare car elle possède des biens rares. Mais avec le numérique, l’univers de l’information et du culturel a basculé dans l’abondance. Le numérique et l’Internet permettent 3 choses : la « copiabilité » (tout est copiable), l’achronie (tout est disponible tout le temps), l’atopie (tout est disponible de partout). La bibliothèque perd donc de sa rareté. Il est cependant possible de limiter l’accès à certains documents numériques. Pour cela on peut rendre l’accès payant, créer des documents qui s’autodétruiront après une période donnée, contrôler l’accès par un mot de passe en installant des DRM, ou encore installer des anti-copiages.

Comme le disait Dominique Lahary au début de la conférence, une bibliothèque a aussi pour fonction de répondre aux besoins des usagers. Mais quand n’est-il pour une bibliothèque numérique ? Les bibliothécaires ne sont plus en contact direct avec les usagers. Il y a tout de même des services à effectuer, par exemple une rubrique questions / réponses ou FAQ qui aide à utiliser les sites, mais aussi tout simplement de conseiller les usagers qui en on besoin par mail.

Dominique Lahary pose la question de bibliothèque virtuelle. Faut-il que toutes les bibliothèques soient virtuelles ? Sa réponse est non. Il faut que les bibliothèques soient seulement en partie numériques. Si elles mettent toutes leur fonds accessible en ligne, ce serait inutile car elles auront sûrement bon nombre de documents identiques. Par ailleurs, dans l’optique de limiter la fraude, il propose de mettre en place des portails blancs. C’est-à-dire, créer une liste de sites accessibles depuis les bornes wifi publiques, tout en retirant les sites des bibliothèques numériques. Car lorsque quelqu’un fraude d’un espace public, il est impossible de l’identifier.

Pour clore son discours, Dominique Lahary s’attarde sur le concept de virtualité qui permet de redéfinir les limites de la « numéricothèque » énoncé au début de la conférence. La bibliothèque numérique est en soi une bibliothèque, mais il s’agirait plutôt comme il le dit « d’une bibliothèque pas vraiment réelle ».

En définitive, toutes les bibliothèques ont besoin d’un site Internet ne serait-ce que pour transmettre des informations tel que les horaires d’ouverture, ce qui permet aux usagers de connaître la bibliothèque et de les inciter à venir sur place. Mais il faut préciser que la véritable révolution est cette pénétration dans la phase de transition du métier, celle qui consiste à entrer dans la génération de la société de l’information, à en maîtriser et gérer le contenu. Nos missions changent. Le protectionnisme doit s’ouvrir et l’interaction des métiers de l’information sont les éléments essentiels de cette mutation.

La conférence audio :