Jean-Philippe Accart , directeur des bibliothèques scientifiques 
de l'Université de Genève

La place du professionnel de l’information s’est modifiée par rapport à l’environnement numérique actuel, et ce, à plusieurs niveaux et à plusieurs étapes du traitement et de la diffusion de l’information : elle devient de plus en plus centrale car il est présent à chaque étape. Plutôt que d’un nouveau rôle du professionnel, il s’agit d’une extension de ses compétences et aptitudes à gérer l’information. Plusieurs aspects de l’environnement numérique actuel sont pris en exemple dans cette intervention : la numérisation, les archives ouvertes, la référence virtuelle ou l’apprentissage à distance. La relation de service avec l’utilisateur devient alors de plus en plus virtuelle.

Compte-rendu des étudiants de l’IUT de Tours Infocom – Option Gido

Lors de cette conférence, Philippe Accart nous a présenté les bibliothèques virtuelles en montrant leur relation et leur complémentarité avec les bibliothèques physiques et leurs usagers. Il a défini une bibliothèque virtuelle comme étant une collection organisée de documents numériques.

Pour lui, il existe un lien entre une bibliothèque virtuelle et une bibliothèque physique. Toutes les deux comprennent : des documents et des collections numérisées, des catalogues en ligne enrichis (contenant un espace « critiques et commentaires » pour les lecteurs), des bases de données et des archives ouvertes. Ces bibliothèques fournissent des services à distance, tels que des services de références, comme les wikis, les fils RSS, les alertes ou encore les blogs (technologie web 2.0). Elles offrent également des produits numérisés (bibliographies, dossiers, signets) permettant à l’utilisateur de rechercher des informations. Ainsi, la bibliothèque virtuelle s’inscrit dans un « environnement numérique » constituée d’éléments très divers, que la technologie permet de diffuser à distance. Autrement dit, ce sont les utilisateurs de l’information qui s’ancrent dans ce paysage numérique.

Ces derniers participent en effet, à l’évolution des supports de l’information et de leurs contenus ; à l’apprentissage de nouvelles technologies, à l’appropriation de l’information mais aussi à la (re)création de l’information.

Concernant toujours les utilisateurs de l’information, Philippe Accart a développé une problématique sur l’usage qu’ils font d’internet aujourd’hui. Il a employé ainsi le terme de « génération Google » ou de « always on » (qui signifie « connecté en permanence ») pour qualifier cette nouvelle génération d’internautes. Celle-ci utilise généralement Internet comme un moyen de recherche global, et non comme un outil dédié aux recherches de sites de bibliothèques numériques (qui pourraient lui fournir des informations plus spécifiques à sa recherche et surtout plus fiable). En effet, ce que l’on constate est que ces personnes connectées en permanence, effectuent des recherches rapides, factices, peu approfondies qui ne font que brasser l’essentiel. Ces recherches sont purement basiques.

De ce fait, si Internet est utile à la recherche d’informations en tout genre, qu’en est-il des bibliothèques et des services de documentation ? Telle est la question que se posent les usagers et les producteurs des bibliothèques (physiques et virtuelles).

Pour répondre à ce problème, Philippe Accart pense que les bibliothèques devraient s’approprier et suivre les évolutions de la technologie, comme celle du web 2.0. Ainsi, les bibliothèques pourraient créée un blog, un wiki ou un forum avec les lecteurs afin qu’ils puissent donner leur avis, échanger et faire des propositions. D’autres technologies sont également importantes pour attirer les utilisateurs. Il peut s’agir de fils RSS , de services de références virtuels (courriels, chat…), de e-learning (formation à distance) ou d’envoi de SMS par téléphone portable, pour informer les lecteurs des nouveautés des bibliothèques.

En utilisant la technologie, les bibliothèques vont pouvoir être au plus près des besoins des utilisateurs et pénétrer leur mode de vie. Pour cela, elles vont (en plus de proposer un catalogue en ligne) personnaliser les produits et services proposées, en créant un dossier personnel propre à chaque utilisateur. De plus, c’est en étant présent dans les réseaux sociaux, comme, Facebook, Xing, Flickr, Delicious ou Secondlife que les bibliothèques vont pouvoir pénétrer les modes de vie de leurs usagers.

Dans une seconde et dernière partie, Philippe Accart a évoqué une problématique importante, concernant l’avenir des bibliothèques physiques. En effet, on constate aujourd’hui, qu’elles sont beaucoup moins fréquentées par les entreprises. Ce fait s’explique par la prédominance d’internet et du moteur de recherche « Google » qui monopolise le monde de l’information.

Cependant, peut-on dire que les bibliothèques physiques ne sont plus utiles aujourd’hui ? La réponse que donne Philippe Accart est non. Il étaye son propos en précisant qu’une étude a montré en février 2007 que 90 % des personnes qui consultaient des sites Internet, se déplaçaient également vers des bibliothèques.

Pour clore ce sujet, on peut dire que malgré les nombreuses ressources disponibles en ligne, les bibliothèques physiques sont encore utiles. La consultation à distance ne supprime pas la consultation sur place.

 

La conférence audio :